De l’esthétique du son

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Par un bel après-midi de printemps, en balade avec ses parents, un petit garçon de 4 ans s’accroupit soudainement.

« – Mais que fais-tu par terre ?

– J’écoute les sons maman… » 

Une historiette qui peut faire sourire mais qui illustre bien la conférence à laquelle nous avons assisté le 4 juin à La Fabrique, Blois. Antoine Charon, de l’agence mancelle Sound-To-Sight, nous a présenté une autre façon « de voir » les sons.

Sauriez-vous reconnaître le jingle de la SNCF ou identifier immédiatement la Banque Populaire, en entendant le Free de Stevie Wonder ? Si oui, vous auriez été parfait au Blind test musical de début de soirée !

Parce que le terme « design sonore » regroupe plusieurs réalités. On parle de « design musical » pour les marques, de « sonification » quand on crée un son pour un objet qui ne fait pas de bruit (et là, Antoine nous branche sur le sabre laser de StarWars…). Ou encore de « grammaire sonore » pour le son qui donne une information : celle-ci sera identique pour tout produit issu du même éco-système de marque. En clair : le « zioup » de votre Iphone/macbook/Ipad !

En réalité, créer un son, c’est prendre en compte autant le contexte que la perception des personnes qui entendront ce son. Tout le travail d’Antoine et de son agence, c’est de parvenir à créer des sons qui ont du sens et qui sont identifiables par le public (de la marque, du musée, etc). Par exemple, et parce que la perception du bruit de l’aspirateur diffère d’un pays à l’autre, les fabricants vont se pencher sur ce sujet. En Asie, on a besoin que le bruit de l’aspiration soit aigu, au Mexique qu’il soit très fort, alors qu’en France on attend d’un aspirateur qu’il ne fasse pas de bruit… 

On comprend mieux à quel point la perception est essentielle dans la construction d’un son. Le bruit devient alors un son qui n’est pas désiré… Je vous laisse y réfléchir !

Sachez juste que les impacts d’un son sur le cerveau de l’homme peuvent être très importants. Il est possible d’amener des enfants en difficulté d’apprentissage à tracer une ligne droite, grâce à un son bien construit qu’on leur ferait écouter. Il est possible aussi, en travaillant autour du « poly-sensoriel », d’accompagner les malvoyants. On leur soumettrait des sons ciblés et représentant des lieux phares de la vie quotidienne (La Poste, le médecin). Grâce à une ouïe fine, ils parviendraient à les détecter et à s’orienter dans l’espace de façon autonome. Une expérimentation à laquelle tient particulièrement Antoine, qui avait consacré son mémoire de fin d’études aux problématiques des malvoyants.

A travers de multiples exemples concrets, nous avons compris qu’un bon son devait être fonctionnel (facile à faire), esthétique (en travaillant sur la perception des gens) et identitaire (en rapport avec son contexte). Et, comme le dit si bien Antoine, « les sons inutiles, on les supprime ; les sons nécessaires, on les travaille ».

Alors, on se met à écouter les sons nous aussi ?

Natacha Bazin, Work’in Blois-L’Hôte Bureau